BEYROUTH, UNE VRAIE MINE D’ART


Beyrouth, une vraie mine d’art




Gilbert Hage « Screening Berlin », 2010. | Photo G. Hage






Paru dans Match


Avec la 3e édition de Beirut Art Fair, le liban entend à nouveau briller sur la scène internationale.


Elisabeth Couturier – Paris Match



Petit, le monde de l’art ? Plus vraiment. La mondialisation a élargi le paysage artistique international. Après Paris, Londres ou New York figurent ­Hongkong, Shanghai et Dubai. D’autres veulent en être. C’est le cas de Beyrouth qui, quarante ans après la guerre, tente de réaffirmer son rôle de capitale culturelle et intellectuelle qui fut longtemps sa marque. ­ Aujourd’hui, elle fait face à la concurrence des émirats voisins. Ses atouts ? Son ambiance électrique et le vent de liberté qui souffle dans cette région du monde. Des buildings, aux façades criblées par les balles et qui ont échappé au programme de reconstruction, ­rappellent à tous qu’il faut vivre à fond le moment présent. Une émulation contagieuse qui, dans une ambiance festive où l’argent coule à flot, sert d’aiguillon aux esprits aventureux. Les créateurs y sont rois et font bouger les choses.


Le couturier Elie Saab, le bijoutier Selim Mouzannar ou la designeuse Nada Debbs ont su s’imposer à l’international en proposant une autre vision du clinquant oriental. Beyrouth attire de nombreux artistes de la nébuleuse dite du ME.NA.SA. (Middle East, North Africa, South Asia), l’étiquette donnée par le marché à la nouvelle scène artistique correspondant à une vaste zone géographique et reliant le Maroc à l’Indonésie. Un croissant fertile avec de riches collectionneurs. Une nouvelle plate-forme pour des talents émergents tels le Libanais Ayman Baalbaki, le Marocain Mohamed El Baz ou la Franco-­Algérienne Zoulikha Bouabdellah. ME.NA.SA remet en lumière des œuvres plus anciennes comme celles des artistes décédés Paul Guiragossian ou Shafic Abboud, et dont l’œuvre bénéficie d’une importante rétrospective au Beirut Exhibition Center.


A l’honneur, aussi, Marwan Kassab Bachi, 78 ans, peintre figuratif, la sculptrice Saloua Raouda Choucair, 96 ans, et Chaouki ­Chamoun, 70 ans, qui s’exila à New York et dont les toiles battent des records chez Christie’s à Dubai. Une effervescence ayant contribué, en 2008, à la création de la Beirut Art Fair dirigée par Laure d’Hauteville et Pascal Odille, qui ont conçu une manifestation mêlant volet commercial et programme culturel. Côté business, une quarantaine de galeries d’art moderne et contem­po­rain, venues de treize pays, ont répondu présent. Côté réflexion, des mini-expositions et des tables rondes évoqueront les spécificités de la création made in ME.NA.SA. Les jeunes artistes libanais y font figure de fer de lance. Leurs œuvres sont souvent hantées par les épisodes tragiques de leur histoire et par les questions d’identité.


Photo (A. Cherri): Ali Cherri « Going through my Mind », 2011.Point final

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