Selon les réfugiés syriens, le programme d’allocations financières en espèces leur permet de mieux contrôler les finances de la famille et de restaurer leur dignité. Parallèlement, les entreprises locales font état de revenus accrus. Par: Dana Sleiman | 16 décembre 2016 | Suhail Qamber, un réfugié syrien, utilise une carte de retrait fournie par le HCR pour retirer des espèces dans les guichets automatiques a Saida, au Liban. Photo d’archive, 2014. © HCR/Andrew McConnell Tyre, Liban – Depuis près de six ans, Tharwat, 38 ans, est réfugiée au Liban. Elle a été constamment confrontée à trouver des solutions pour satisfaire des besoins qui se font concurrence, comme mettre de la nourriture sur la table et acheter des médicaments pour sa mère malade. Toutefois, depuis son inclusion par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, dans le programme remplaçant l’aide en nature par un décaissement mensuel de trésorerie, Tharwat a repris le contrôle de ses finances et sa dignité en est restaurée. « L’argent que je reçois a changé le cours de ma vie », a déclaré Tharwat, qui se consacre à soigner sa mère malade. « J’ai désormais la liberté d’acheter ce dont j’ai le plus besoin, des médicaments pour ma mère sans lesquels elle tomberait très malade. Pour moi, la nourriture vient en second. » « L’argent que je reçois a changé le cours de ma vie. J’ai désormais la liberté d’acheter ce dont j’ai le plus besoin. » Tharwat compte parmi 1,8 million de personnes déracinées à travers le Moyen-Orient qui ont reçu cette année des allocations d’aide en espèces. C’est une évolution importante dans la façon dont les situations de réfugiés dans le monde sont désormais gérées. Traditionnellement, l’aide était fournie principalement via un soutien en nature. Désormais, environ 80 pour cent des personnes déracinées dans le monde vivent dans des villes. Souvent leur accès à un emploi légal est limité voire nul. Les allocations d’aide en espèces sont désormais utilisées pour l’assistance aux personnes les plus vulnérables. Les bénéficiaires reçoivent de l’argent au moyen de cartes de retrait fonctionnant dans des guichets automatiques. L’aide directe en espèces réduit les coûts et permet a des réfugiés comme Tharwat de choisir la façon de répondre à leurs besoins les plus immédiats. Les allocations d’aide en espèces fournie par le HCR aident cette refugiée syrienne a acheter des médicaments pour sa mère malade (en anglais) « Nous avions l’habitude de faire la queue pendant des heures pour obtenir des couvertures ou des articles d’hygiène. Ce sont des éléments dont nous avions vraiment besoin. Désormais, nous pouvons décider ce que nous achetons et quand le faire », a déclaré Tharwat. Elle compte parmi les 30 000 familles réfugiées économiquement vulnérables au Liban qui bénéficient du décaissement mensuel de 175 dollars. Plus de 800 000 réfugiés au Liban bénéficient actuellement d’une somme mensuelle supplémentaire pendant les mois d’hiver, de novembre à mars. Ce programme fournit également une source de revenus pour les entreprises locales au Liban, qui accueille plus d’un million de réfugiés syriens. C’est la plus grande concentration par habitant dans le monde, avec un réfugié pour quatre habitants au Liban. « Grace à ces cartes de retrait, les réfugiés sont passés du stade de bénéficiaires passifs de l’aide humanitaire à celui de consommateurs actifs. De plus, ils améliorent la situation économique dans la plaine de la Bekaa », a déclaré Mohammad Taha, le propriétaire d’une station d’essence à Jeb Jennine, une ville dans l’ouest de la plaine de la Bekaa où vivent environ 8000 réfugiés enregistrés. « Les réfugiés améliorent la situation économique dans la plaine de la Bekaa. » « La vente de carburant aux réfugiés pour le chauffage pendant l’hiver a augmenté mes revenus de près de 10 pour cent », a-t-il ajouté. Le programme d’allocations en espèces aide également à intégrer les réfugiés dans l’ère du e-banking, déclare Chafica Salaam, directeur général adjoint de l’actuel fournisseur de services financiers au HCR. « Au début du programme, les réfugiés avaient quelques problèmes pour utiliser la carte et le code PIN ainsi que sur la façon de gérer leurs ressources », a-t-elle expliqué. « Mais, depuis lors, nous avons réussi à améliorer leurs compétences bancaires. » Salaam a expliqué que de nombreux réfugiés ont désormais appris à échelonner leurs dépenses et à retirer seulement de petites sommes à la fois. « Le monde a rapidement évolué vers les transferts et les paiements électroniques. Désormais, les réfugiés sont complètement en phase avec ces processus et ils dépensent l’argent qu’ils reçoivent dans l’économie locale », a ajouté Salaam.
Avec l’aide financière en espèces, la dignité retrouvée pour les réfugiés et un nouveau souffle pour l’économie libanaise