Colette Haddad. Quand l’art rend hommage à la nation
Certifiée par le Guinness World Records en tant que détentrice du record de la première femme au monde à effectuer une fresque de peinture sous l’eau, Colette Haddad œuvre corps et âme à promouvoir la culture et les traditions libanaises à travers son art.
C’est sur 6 m2 et baignant dans l’eau froide de la piscine de La Marina Dbayé-Joseph Khoury, pendant deux heures successives, que Colette Haddad a travaillé, sous la supervision des plongeurs Gilbert Bou Assly et Avedis Demergian. De la grotte aux pigeons de Raouché à la galère phénicienne, aux colonnes de Baalbeck, aux scènes de danse traditionnelle qu’est la dabké, au drapeau libanais et à la carte du Liban, l’artiste a réussi à réaliser une fresque singulière, représentant un large éventail de symboles libanais.
L’art pour l’Histoire
Haddad aime transcrire sur ses toiles des artistes et autres personnalités pris dans l’histoire du Liban et ayant marqué cette dernière de leurs empreintes. Peignant avec grande fidélité, la détentrice du nouveau record s’emploie à fixer l’impression du moment, à créer une œuvre vivante, en suggérant le sujet, certes, mais en insistant aussi sur le détail, afin d’en restituer l’ambiance et l’atmosphère du cadre dans sa totalité. Ses portraits sont clairs, mêlant objectivité par dévouement au réel sacré, et subjectivité, dans la mesure où celle de Colette Haddad est «contrôlée et s’appuie sur une matière première ‘‘objective’’». C’est cet instant qui captive son attention, faisant ainsi vibrer sa sensibilité que l’artiste privilégie. Colette Haddad a, dans ce sens, à son actif, une longue série de portraits de personnalités et de célébrités tant libanaises qu’internationales, dont le patriarche maronite, Mgr Béchara Boutros Raï, le musicien Zaki Nassif, l’ancien commandant du régiment des Commandos, le général Chamel Roukoz, le ministre de l’Education, Elias Bou Saab, la diva Magida el-Roumi, ainsi que des artistes hollywoodiens tels Jennifer Lopez et Robert de Niro. Aussi a-t-elle remis à Aline Lahoud (rôle premier de la pièce), à la finale de Bint el-Jabal, mise en scène par Roméo Lahoud, le portrait qu’elle a spécialement effectué pour l’occasion, en l’honneur de Salwa el-Katrib, première interprète célèbre du rôle en 1977. A travers son art, Colette cherche à promouvoir la sauvegarde du patrimoine libanais, la culture de l’Humain, ainsi que les valeurs de réussite et d’ouverture à l’Autre, œuvrant à attirer l’attention sur la nécessité de mobiliser les Libanaises et les Libanais pour une renaissance culturelle. C’est ainsi que, tels des phœnix qui renaissent de leurs cendres, les artistes oubliés réapparaissent dans les toiles de Colette, faisant surface dans un monde où les générations nouvelles se retournent rarement vers le passé.
Natasha Metni