Traduit par Héléna Dermidjian, Alexis Tautou
Date de parution 06/11/2014
Un siècle après le génocide arménien qui a fait 1,2 million de morts, l’Etat turc pratique toujours le négationnisme. Le Mémorial, fruit des recherches de deux spécialistes de la question, rassemble en un projet ambitieux la totalité des connaissances actuelles sous forme d’illustrations, de tableaux démographiques, de fac-similés de textes législatifs originaux et de discours officiels traduits et accompagnés des commentaires et analyses des auteurs. Il s’organise chronologiquement : » La genèse du processus et le contexte de guerre (juillet 1914 – mars 1915) » expose les événements politiques et militaires de la période, les choix législatifs (projet de réforme des provinces) et économiques (campagnes de boycott des entreprises grecques et arméniennes) constituant le creuset qui amènera les premiers massacres puis les premières déportations. » Le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman (avril 1915 – décembre 1916) » présente la carte générale des axes de déportation et celle des principaux sites d’extermination. Elles sont accompagnées de la description minutieuse, région par région, de la première phase du génocide puis d’un ensemble consacré aux camps de concentration et d’extermination : leur organisation (camps du chemin de fer de Bagdad, camp d’Alep, camp de l’Euphrate), les témoignages de survivants, les sauveteurs. » Après le génocide, éradication et conséquences (1971-1923) » décrit les ultimes massacres dans le Caucase et en Azerbaïdjan persan puis revient sur la fin de l’Empire Ottoman pour se terminer sur les débats, jugements et procès qui se déroulent du côté des bourreaux, la situation des rescapés, des orphelins et le sort des biens abandonnés du côté des victimes.
En 1970, le chancelier allemand Willy Brandt s’agenouillait devant le mémorial du ghetto juif de Varsovie.
En 1986, les États-Unis ont fait des excuses aux citoyens américains d’origine japonaise internés collectivement après l’attaque sur Pearl Harbor (1941).
En 1990, l’URSS reconnaissait que les massacres de Katyn (1940) perpétrés contre des milliers d’officiers polonais avaient été commis par le régime stalinien.
En 1993, par la déclaration de Kono, le Japon présentait des excuses à la Corée pour l’usage forcé durant la Seconde Guerre mondiale de plusieurs centaines de milliers de « femmes de confort ».
En 2010, le Premier ministre britannique, David Cameron, s’excusait en Irlande parce que lors du Bloody Sunday(1972), les forces de l’ordre britanniques avaient tiré sur une manifestation pacifique de catholiques.
Tous ces États admettent leur responsabilité. Seule la Turquie, qui s’est fondée sur un crime de masse, présente un siècle après les faits ses condoléances aux « petits-enfants » des victimes en omettant de mentionner que l’anéantissement de la population arménienne a été organisé par le gouvernement jeune-turc.
Livre de référence organisé chronologiquement, leMémorial a pour ambition de refléter la totalité des connaissances actuelles sur le génocide des Arméniens. Accompagné de photos, de cartes et de tableaux, il rassemble des centaines de textes de l’époque, officiels ou privés, accompagnés des commentaires et analyses des auteurs.
Préface de Gérard Chaliand