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Jean-Pierre et Yasmina ZAHAR,quittant la République Tchèque pour prendre soins de Bassatin Baanoub, la terre préservée.

Bassatin Baanoub, la terre préservée






Ils n’étaient pas destinés au travail de la terre, et pourtant ils se sont investis afin de redonner vie à une terre où poussent des oliviers millénaires, Bassatin Baanoub au Liban Sud. En 2009, Jean-Pierre et Yasmina Zahar ont trouvé la référence d’une citadelle au pied de laquelle un ancien patriarche de Jérusalem est venu mourir. Le surlendemain, quittant la République Tchèque où ils vivaient, ils se trouvent devant cette même citadelle à l’est de Saïda et tombent amoureux du terrain en face de celle-ci.


Le terrain découvert appartient au couvent Saint-Sauveur, avec lequel le couple lie un contrat d’exploitation de 18 ans renouvelable. “Au début, les moines ne comprenaient vraiment pas ce que nous venions faire”, s’amuse Yasmina Zahar. “Comment, vous n’allez pas asphalter la route ? Ni raser la forêt ? Vous voulez faire du tourisme sans narguilhé ni musique ?” Mais avec le temps, ils se sont habitués à l’idée d’une exploitation raisonnée et biologique des ressources disponibles (oliviers, thym, herbes sauvages), et de la création de nouvelles terrasses et la plantation d’arbres pour agrandir la surface exploitable. Pour le moment, “ces phases ont pu avancer au travers de la mise sur le marché de notre marque d’huiles, d’herbes et de savons, ainsi que la plantation de 250 avocatiers et 150 anoniers depuis 2011, avec à la clé l’obtention de la certification biologique de l’Institut Méditerranéen de Certification”. A terme, le projet Bassatin Baanoub a vocation à développer le tourisme dans la région, avec l’exploitation des abords du fleuve Awali, des sentiers de mules pour parcourir la forêt, et l’implantation de maisons d’hôtes, une partie “quelque peu retardée du fait des événements au Liban et dans la région”.

Derrière ces activités se cachent des motivations très personnelles. “Mon mari a lancé le premier projet d’éco-tourisme au Liban à Al Jourd, dans la région du Hermel, en plantant des arbres, aménageant des sources d’eau et construisant même des maisons et un centre de tourisme”, raconte Yasmina. “Nous souhaitions aussi développer l’emploi local, mais les gens de la région ont seulement vu le fait que nous occupions un terrain dans lequel ils venaient se servir dès qu’il leur manquait quelque chose, car tout était à portée de main et gratuit. Les relations sont maintenant plus franches, mais restent difficiles : toutes nos tentatives d’employer des gens de la région se sont soldées par des disputes et des déceptions. La plupart des gens qui nous entourent veulent être patrons, ou alors prendre un job avec nous et cinq autres en parallèle… C’est bien malheureux, car le projet ne peut avoir que des retombées positives pour eux, mais on ne désespère pas !” Le couple emploie aujourd’hui deux ouvriers à plein temps et quinze en période de récolte des olives, ainsi que deux à six journaliers pour les aider à planter. “Nous allons également nous lancer dans l’élevage de moutons, de chèvres, et dans l’apiculture.” Malgré ces relations difficiles à nouer avec la population locale et le manque d’intérêt de la communauté religieuse envers l’agriculture biologique les premiers temps, Yasmina Zahar estime qu’ils sont “chanceux que ce terrain ait été abandonné si longtemps car son écosystème est resté préservé. Nous avons répertorié plus de 180 espèces de fleurs différentes, sans compter les arbres. La faune y est aussi bien épanouie, car nous avons interdit la chasse sur le terrain”.

Jusqu’à présent, Bassatin Baanoub dépend de leurs frais personnels, investis pour monter une société, dans laquelle ils souhaitent accueillir des partenaires dès cette année. Pour s’en sortir, ils se forment sur le tas, posent beaucoup de questions, lisent, et des agronomes, des agriculteurs locaux ainsi que les ingénieurs de l’IMC et du ministère de l’Agriculture les aident en les conseillant et en le suivant de près. Ils vont bientôt se lancer dans le crowd funding pour financer les recherches archéologiques ainsi que le nettoyage de la forêt et des sentiers.

Propos recueillis par Florence Massena


Pour en savoir plus : www.bassatinbaanoub.com 
















  • Titanic

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