Durant la même période, le Liban a été à
l’honneur, le temps de deux émissions
spéciales sur les chaînes télévisées
françaises, dans le cadre de deux séries
documentaires, l’une portant sur les églises
originelles et l’autre sur les chemins de la
beauté.
La première série, ‘Mes éthiopiques’, réalisée par
Jacques Debs, a été diffusée sur France 2 dans le
cadre du jour du seigneur. Elle s’est déroulée
durant les quatre dimanches de l’Avent et portait sur les églises originelles
couvrant les églises catholiques d’Arménie, d’Ethiopie, d’Inde (malabar et
malankar) et du Liban (maronite).Les quatre émissions ont également fait l’objet
d’un ouvrage paru chez Albin Michel et relatant par écrit le récit de ces tournages
inédits, effectués dans quatre zones difficiles du globe, l’une aux portes de
l’Europe, la seconde en Afrique, la troisième en Extrême Orient et la dernière au
Proche Orient. Les quatre expériences, tout en ayant une spécificité propre, ont en
commun une histoire mouvementée de mysticisme, de persécutions et de contact
avec d’autres religions tout en exprimant un sens profond de la vocation, du
témoignage et même du martyr. Le documentaire concernant le Liban s’intitule ‘La
vallée de la réconciliation’ et se passe dans la vallée sainte de la Quadisha, haut
lieu de spiritualité, d’ermitage et résidence, en tant que refuge du patriarcat
maronite de 1440 à 1823.
La seconde série, intitulée ‘Les chemins de la beauté’ sur Arte du 16 au 20
décembre, a sélectionné cinq pays dans lesquels on décrit la femme et sa manière
d’envisager sa beauté : Cuba, Le Cambodge, l’Inde, le Liban et le Sénégal.
Autrement dit, un pays-île d’Amérique latine, deux pays d’Extrême Orient, un pays
du Proche Orient et un pays d’Afrique. Dans les cinq pays nous avons une
description de l’univers féminin et du code culturel, qui oscille entre tradition et
modernité .Chaque expérience a sa spécificité mais les cinq ont en commun le fait
d’identifier un espace du féminin, différent de l’espace du masculin, soit deux
mondes qui communiquent mais restent séparés. Il s’agit bien sûr de pays qui
s’ouvrent sur la modernité mais conservent un lien très fort, avec le système
patriarcal, familial et communautaire. Le documentaire concernant le Liban
s’appelle ‘L’autre côté du miroir’ et décrit la femme libanaise dans son rapport à sa
chevelure (deux à trois brushings minimum par semaine comme les actrices
hollywoodiennes, et il faudrait inventer plusieurs coiffures si elles vont au même
mariage ou à une même soirée), à ses ongles (deux manucures minimum par
semaine), à ses chaussures (des talons très haut et une démarche lente), à ses
habits (beaucoup de stylistes et de vêtements de parade), aux soins et opérations
esthétiques (l’image statique flatteuse, qui se déforme au stade dynamique). Le
documentaire couvre les communautés urbaines, autant chrétiennes que
musulmanes, qui rivalisent, chacune à leur manière et selon leur code culturel, de
libéralisme et d’ingéniosité ; en exaltant une féminité à la fois primaire et
sophistiquée.
Dans les deux séries, diffusées durant la même semaine sur deux chaînes
différentes, le Liban apparaît comme un espace de paradoxes et de contrastes. Il
est évoqué une première fois par rapport à la foi et son enracinement, et une
seconde fois par rapport à l’image de la femme et sa représentation. Les deux
séries sont filmées sur les quatre autres continents, renvoyant des images fortes,
exotiques, vivaces et contrastées face à un Occident qui s’est depuis longtemps
affranchi, et du système patriarcal et de la différence des sexes. Ce qui constitue
en même temps un immense acquis (égalité et droits de l’homme) et un immense
isolement (individualisme et perte du rapport hiérarchisé et différencié).
Durant le même week-end, la télévision française diffusait une fiction-documentaire
inédite, ‘Une femme dans la révolution’, qui reprend sur quatre heures la traversée
d’une femme (Manon des Chaumes) de la révolution française, avec pour but,
déclaré ou déguisé, de rappeler les acquis et les abus de cet évènement. En effet,
il considéré en France et en Occident comme l’évènement majeur, qui a fait entrer
le monde dans la modernité, à travers la destruction du système patriarcal
(monarchie et religion) et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
(1789).
Entretemps, les sondages d’opinion en France définissent Noël comme étant la fête
des réunions familiales, des cadeaux et des repas copieux (1 milliard d’euros
dépensés par 14 millions de français en un jour). Les cadeaux pouvant être dès le
lendemain échangés ou remboursés sur internet. Le côté religieux n’est
pratiquement plus mentionné et une majorité écrasante de français définissent
l’année 2013 comme étant celle de la mort de Mandela, du mariage pour tous et
de la révolte en Bretagne des bonnets rouges. Parallèlement et pratiquement dans
l’indifférence générale, les massacres se poursuivent en Syrie, en Centrafrique et
au Proche Orient, ainsi que les luttes pour les droits de l’homme en Chine, en
Russie, en Ukraine, en Iran et au Proche Orient.
Comme de tout temps, le monde demeure divisé entre Orient et Occident, entre là
où le soleil se lève et là où il se couche. L’Orient reste prisonnier de son archaïsme
et tend vers la modernité tandis que l’Occident, dépassé par son évolution, tente
de retrouver ses racines. Chaque partie de la planète essaie de changer, de se
préserver, de transmettre ses valeurs et de renouer avec l’autre partie et avec
elle-même.
Depuis deux mille ans, les rois mages (uniquement mentionnés par l’évangile de
Mathieu) mettaient plusieurs mois pour venir de Perse et d’Afrique en Palestine, et
le Père Noël pour venir du Pôle nord, en Europe, et dans le reste du monde.
Maintenant, les voyages se font de manière simultanée et instantanée, sur place et
sur commande.
Bahjat Rizk
l’honneur, le temps de deux émissions
spéciales sur les chaînes télévisées
françaises, dans le cadre de deux séries
documentaires, l’une portant sur les églises
originelles et l’autre sur les chemins de la
beauté.
La première série, ‘Mes éthiopiques’, réalisée par
Jacques Debs, a été diffusée sur France 2 dans le
cadre du jour du seigneur. Elle s’est déroulée
durant les quatre dimanches de l’Avent et portait sur les églises originelles
couvrant les églises catholiques d’Arménie, d’Ethiopie, d’Inde (malabar et
malankar) et du Liban (maronite).Les quatre émissions ont également fait l’objet
d’un ouvrage paru chez Albin Michel et relatant par écrit le récit de ces tournages
inédits, effectués dans quatre zones difficiles du globe, l’une aux portes de
l’Europe, la seconde en Afrique, la troisième en Extrême Orient et la dernière au
Proche Orient. Les quatre expériences, tout en ayant une spécificité propre, ont en
commun une histoire mouvementée de mysticisme, de persécutions et de contact
avec d’autres religions tout en exprimant un sens profond de la vocation, du
témoignage et même du martyr. Le documentaire concernant le Liban s’intitule ‘La
vallée de la réconciliation’ et se passe dans la vallée sainte de la Quadisha, haut
lieu de spiritualité, d’ermitage et résidence, en tant que refuge du patriarcat
maronite de 1440 à 1823.
La seconde série, intitulée ‘Les chemins de la beauté’ sur Arte du 16 au 20
décembre, a sélectionné cinq pays dans lesquels on décrit la femme et sa manière
d’envisager sa beauté : Cuba, Le Cambodge, l’Inde, le Liban et le Sénégal.
Autrement dit, un pays-île d’Amérique latine, deux pays d’Extrême Orient, un pays
du Proche Orient et un pays d’Afrique. Dans les cinq pays nous avons une
description de l’univers féminin et du code culturel, qui oscille entre tradition et
modernité .Chaque expérience a sa spécificité mais les cinq ont en commun le fait
d’identifier un espace du féminin, différent de l’espace du masculin, soit deux
mondes qui communiquent mais restent séparés. Il s’agit bien sûr de pays qui
s’ouvrent sur la modernité mais conservent un lien très fort, avec le système
patriarcal, familial et communautaire. Le documentaire concernant le Liban
s’appelle ‘L’autre côté du miroir’ et décrit la femme libanaise dans son rapport à sa
chevelure (deux à trois brushings minimum par semaine comme les actrices
hollywoodiennes, et il faudrait inventer plusieurs coiffures si elles vont au même
mariage ou à une même soirée), à ses ongles (deux manucures minimum par
semaine), à ses chaussures (des talons très haut et une démarche lente), à ses
habits (beaucoup de stylistes et de vêtements de parade), aux soins et opérations
esthétiques (l’image statique flatteuse, qui se déforme au stade dynamique). Le
documentaire couvre les communautés urbaines, autant chrétiennes que
musulmanes, qui rivalisent, chacune à leur manière et selon leur code culturel, de
libéralisme et d’ingéniosité ; en exaltant une féminité à la fois primaire et
sophistiquée.
Dans les deux séries, diffusées durant la même semaine sur deux chaînes
différentes, le Liban apparaît comme un espace de paradoxes et de contrastes. Il
est évoqué une première fois par rapport à la foi et son enracinement, et une
seconde fois par rapport à l’image de la femme et sa représentation. Les deux
séries sont filmées sur les quatre autres continents, renvoyant des images fortes,
exotiques, vivaces et contrastées face à un Occident qui s’est depuis longtemps
affranchi, et du système patriarcal et de la différence des sexes. Ce qui constitue
en même temps un immense acquis (égalité et droits de l’homme) et un immense
isolement (individualisme et perte du rapport hiérarchisé et différencié).
Durant le même week-end, la télévision française diffusait une fiction-documentaire
inédite, ‘Une femme dans la révolution’, qui reprend sur quatre heures la traversée
d’une femme (Manon des Chaumes) de la révolution française, avec pour but,
déclaré ou déguisé, de rappeler les acquis et les abus de cet évènement. En effet,
il considéré en France et en Occident comme l’évènement majeur, qui a fait entrer
le monde dans la modernité, à travers la destruction du système patriarcal
(monarchie et religion) et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
(1789).
Entretemps, les sondages d’opinion en France définissent Noël comme étant la fête
des réunions familiales, des cadeaux et des repas copieux (1 milliard d’euros
dépensés par 14 millions de français en un jour). Les cadeaux pouvant être dès le
lendemain échangés ou remboursés sur internet. Le côté religieux n’est
pratiquement plus mentionné et une majorité écrasante de français définissent
l’année 2013 comme étant celle de la mort de Mandela, du mariage pour tous et
de la révolte en Bretagne des bonnets rouges. Parallèlement et pratiquement dans
l’indifférence générale, les massacres se poursuivent en Syrie, en Centrafrique et
au Proche Orient, ainsi que les luttes pour les droits de l’homme en Chine, en
Russie, en Ukraine, en Iran et au Proche Orient.
Comme de tout temps, le monde demeure divisé entre Orient et Occident, entre là
où le soleil se lève et là où il se couche. L’Orient reste prisonnier de son archaïsme
et tend vers la modernité tandis que l’Occident, dépassé par son évolution, tente
de retrouver ses racines. Chaque partie de la planète essaie de changer, de se
préserver, de transmettre ses valeurs et de renouer avec l’autre partie et avec
elle-même.
Depuis deux mille ans, les rois mages (uniquement mentionnés par l’évangile de
Mathieu) mettaient plusieurs mois pour venir de Perse et d’Afrique en Palestine, et
le Père Noël pour venir du Pôle nord, en Europe, et dans le reste du monde.
Maintenant, les voyages se font de manière simultanée et instantanée, sur place et
sur commande.
Bahjat Rizk