La Rétrospective de Saloua Raouda Choucair, comporte des œuvres majeures réalisées durant sept décennies, dont certaines n’avaient jamais été exposées auparavant.

A l’occasion de la rétrospective de Saloua Raouda Choucair, César Nammour, collectionneur, critique d’art et ami de la grande dame, signe ce billet.


Petite et fragile, indépendante et résolue, avec détermination et persévérance, Raouda Choucair passe de longues heures de travail dans son atelier, à convertir avec passion métaux, bois et plâtre en sculptures remarquables. À l’école, son esprit scientifique vif lui avait permis d’exceller en mathématiques et en physique. Elle avait ensuite suivi des études universitaires de philosophie et de logique. Toujours au fait des dernières découvertes dans les domaines scientifiques, elle se désigne comme ’’l’enfant de ce siècle’’.

Elle s’est toujours élevée contre le conformisme. Comme épouse et mère d’une fille unique, elle cuisine de manière peu conventionnelle pour ne pas perdre un temps précieux. Elle prépare les traditionnelles aubergines et courgettes farcies en répartissant une couche de riz et de viande hachée entre deux couches de ces légumes en tranches, dans un plat à four comme pour le kebbé, se demandant : ’’pourquoi les préparer comme toutes les femmes le font, et passer des heures à farcir des légumes évidés ?’’

Elle était amère durant les trois premières décennies de sa vie artistique, à cause de l’encouragement et de la reconnaissance qui tardaient à venir. Attachée à ses œuvres, elle éprouve toujours de la tristesse à s’en séparer quand elle les vend.

Choucair concilie la sensibilité du XXe siècle avec l’esprit de l’art islamique et sa propre identité culturelle innée. Dans son esprit et dans son art, elle a résolu la dichotomie entre le modernisme et l’héritage arabe.

César Nammour.
(texte traduit de l’anglais) 

Pionnière de l’art abstrait dans le monde arabe, Saloua Raouda Choucair est née à Beyrouth en 1916. Elle travaille à Paris entre 1948 et 1951, notamment à l’atelier de Fernand Léger. On lui doit la création de L’Atelier de l’art abstrait dirigé par Edgar Pillet et Jean Dewasne. Depuis son retour à Beyrouth en 1951, sa carrière se caractérise par un travail solitaire ponctué tous les dix ans d’une grande exposition. À partir des années 1960, ses sculptures remportent régulièrement des prix aux salons internationaux annuels. En 1977, elle commence à enseigner la sculpture à l’Université libanaise et, en 1986, à l’Université américaine de Beyrouth. En 2002, sa carrière a fait l’objet d’un catalogue raisonné réalisé par sa fille, Hala. 

La rétrospective comporte des œuvres majeures réalisées durant sept décennies, dont certaines n’avaient jamais été exposées auparavant. Certaines pièces, comme les ’Poèmes’ et ’InfiniStructures’, montrent l’emprise profonde de la signification et de la finesse de l’art islamique sur son œuvre. En effet, fermement convaincue de la base arithmétique de l’art islamique, elle a longtemps rejeté la pensée figurative et renoncé à toutes les références symboliques ou iconiques. Divers objets fonctionnels, tels que tapis, bijoux et meubles, soulignent sa conviction que l’art devrait faire partie de notre vie quotidienne. La grande variété des matériaux utilisés et expérimentés est là pour attester de sa polyvalence et de son ingéniosité. 

Cette rétrospective est une occasion rare pour les amateurs d’art de tous les âges de se plonger dans la créativité illimitée de Saloua Raouda Choucair. –

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