Le Secret d’Osiris est le premier thriller d’un jeune auteur Nabil Mallat,(par Alexandre Najjar)

Nabil Mallat : « Aucune culture n’a le monopole d’un genre littéraire ! »

Le Secret d’Osiris est le premier thriller de Nabil Mallat, un jeune auteur qui voit dans l’écriture le reflet le plus limpide de la liberté d’expression. 


Par Alexandre NAJJAR
2013 – 05


Né au Liban en 1975, Nabil Mallat est avocat, diplômé en droit de l’université de Georgetown et de l’USJ où il enseigne. Auteur d’un conte philosophique, Le Périple de Maxime (éditions de la Librairie Antoine, 2010), il vient de publier, aux éditions l’Archipel, son premier roman, Le Secret d’Osiris, qu’il a récemment dédicacé au Salon du livre de Paris. Ce thriller qui se lit d’une traite nous transporte en Égypte sur les traces d’un archéologue français, Maxime de Latour, qui découvre sur le plateau de Gizeh une chambre funéraire dédiée au dieu égyptien Osiris : elle contient un sarcophage et deux colonnes recouvertes d’inscriptions. Le rouleau de papyrus trouvé dans le sarcophage s’avère être l’Enseignement Primordial, premier texte de l’Égypte retranscrit de la main d’Imhotep, l’inventeur de la pyramide. Il retrace l’odyssée d’Osiris dans la région du Sahara, à une époque où elle était encore fertile. Cette découverte inespérée attise les convoitises. Alertées, les autorités égyptiennes s’en mêlent, suivies de près par le criminel le plus recherché du pays… Rencontre avec un écrivain prometteur. 



Vous appartenez à une famille de juristes et de lettrés. Cette filiation a-t-elle influé sur votre parcours à la fois juridique et littéraire ?



Il est certain que le milieu familial a joué un rôle prépondérant dans mon parcours. Le droit, la littérature, et la curiosité intellectuelle en général ont toujours tenu, et depuis plusieurs générations, une place très particulière au sein de ma famille. Très jeune, j’ai été initié à des concepts et à des idéaux que je considère importants. Et, au sein de cette formation, la mythologie et l’Antiquité, que je connaissais déjà assez bien avant même d’entrer à l’école, ont joué un rôle essentiel tant dans le développement de mon imagination que dans la formation de ma personnalité : la pyramide de Chéops, la beauté d’Hélène, la force d’Hercule, la ruse d’Ulysse, la politique à Athènes, le Minotaure, l’alphabet, la puissance de Rome, pour ne citer que quelques exemples, aident un homme à mieux se préparer à la vie. En repensant à tout cela, je songe à mes parents qui m’ont intéressé aux fondements essentiels de la personnalité humaine comme la force de caractère, la liberté, la persévérance et l’intégrité, à une époque où le Liban traversait l’une des périodes les plus sombres de son histoire. En plus de leur formation de juristes et de leur service exemplaire dans le secteur public, tous deux sont auteurs : mon père Hyam a été récompensé à deux reprises par l’Académie française pour ses écrits, et ma mère Georgine a déjà publié deux romans sur l’immigration libanaise en Colombie et en France. La pomme ne tombe jamais très loin du pommier !

 

Pourquoi avoir choisi le thriller après un premier livre qui s’apparente à un conte philosophique ? Vos lectures de thrillers anglo-saxons, comme les livres de Dan Brown, ont-elles nourri votre imagination ? 



Plusieurs raisons m’ont poussé à écrire un thriller : d’abord, j’aime ce genre littéraire, et tout écrivain pourra vous affirmer qu’il ne faut écrire que sur ce qu’on aime ! Un thriller est un équilibre entre l’action, les recherches, les personnages, les descriptions et les dialogues. L’auteur d’un thriller est un fin « négociateur » entre tous ces éléments ; il doit trouver le bon dosage pour capter l’attention du lecteur. Bien entendu, la lecture de thrillers anglo-saxons m’a inspiré. Il est indéniable que les auteurs anglo-saxons dominent ce genre littéraire. Et, pour tout vous dire, je déplore ce fait. Pour moi, le thriller est un genre qui a beaucoup d’avenir dans la littérature française : ce que le thriller offre en termes d’action et de sensations, la langue française le rend facilement en richesse et en style. Aucune culture n’a le monopole d’un genre littéraire !

 

Pourquoi ne pas avoir écrit ce roman en anglais puisque vous êtes aussi parfaitement anglophone ? Que représente pour vous la francophonie ?



Je vis dans un milieu où « France » et « rayonnement » sont deux termes indissociables. La langue française est un véhicule noble pour le rayonnement des idées qu’incarne la France, comme les libertés fondamentales et les droits de l’homme. La francophonie est pour moi, comme pour beaucoup, un moyen sûr d’assurer la bonne promotion de ces valeurs. Dans ce cadre, le genre du thriller, grâce à l’universalité des thèmes qu’il peut traiter, peut contribuer au rayonnement de la langue française…



Il existe un engouement pour les romans ayant trait à l’Égypte ancienne, le succès de Christian Jacq le prouve. Vous a-t-il été difficile de vous lancer dans un roman ayant pour trame de fond l’Égypte pharaonique ?



L’Égypte ancienne fascine par ses pyramides, ses temples, ses hiéroglyphes, sa profondeur historique, et ce désert infini de part et d’autre d’un Nil qui ressemble à un miracle. Et puis, la France est très liée à cette Égypte ancienne à travers des noms illustres. Je pense en particulier à Napoléon, à Denon et à Champollion. Cette fascination remonte à très loin : un mythe attribue le nom de la tribu gauloise des Parisii, qui a donné son nom à Paris, au fait qu’il existait en ce lieu le culte de la déesse égyptienne Isis – Parisii signifiant : « la maison d’Isis ». Et c’est cette fascination qui fait qu’écrire un roman sur l’Égypte ancienne où une littérature abondante existe déjà n’est pas un projet facile ! Je ne voulais surtout pas revenir sur des personnages et des sites déjà abordés : Chéops et Ramsès II, les pyramides et les temples, c’est extraordinaire, mais c’est du déjà-vu. J’ai donc décidé de faire découvrir au lecteur des sites méconnus ou inconnus. Cela a bien entendu compliqué mes recherches : je me suis vite retrouvé plongé dans des ouvrages archéologiques et scientifiques. Et il m’a fallu concilier ces recherches assez sèches avec une intrigue prenante. Cela n’a pas été chose facile, mais j’espère avoir relevé le défi !



Quelle est la part de vérité et la part de fiction dans votre roman ? Comment l’idée du livre a-t-elle germé dans votre esprit ?



Dans Le Secret d’Osiris, tout est vrai… ou presque ! Les deux principaux sites archéologiques que je décris existent bel et bien : le puits d’Osiris, complexe souterrain monumental sur le plateau même de Gizeh qui s’enfonce à plus de 35 mètres ; et le site archéologique de Nabta Playa, à 100 kilomètres à l’ouest d’Abou Simbel, en plein désert du Sahara. Mais l’intrigue est le fruit de mon imagination. L’idée du Secret d’Osiris a commencé à germer dans mon esprit lors de mes études universitaires à Washington. Progressivement, j’ai construit mon roman comme un puzzle…

 

Que représente pour vous l’écriture ? Quels sont vos projets ?



Comme tout art, l’écriture est le reflet le plus limpide de la liberté d’expression qui a une dimension toute particulière dans cette partie du monde où la classe politique oublie ce que l’art et la culture peuvent apporter à l’éclat et aux espérances d’une société. Mes projets littéraires sont liés à mes recherches. Ceux qui liront Le Secret d’Osiris remarqueront que je tiens beaucoup à la notion de vraisemblance. Pour cela, il me faut mener beaucoup de recherches. Je me trouve à présent dans cette phase qui me permettra, je l’espère, de tisser la toile de fond de mon prochain livre !




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