Camille Aboussouan,Le grand ambassadeur du Liban.

Le grand ambassadeur du Liban.
Camille Aboussouan a traversé le siècle avec panache, élégance, éclat, finesse et générosité. Il fut un grand ambassadeur du Liban à l’Unesco, quelqu’un que l’on admire et que l’on respecte, non pour la fonction qu’il occupe, mais pour la vocation qu’il incarne. Sa mission n’était pas matérielle et convenue, elle était transcendante et créative. Une manière d’être, de transmettre, de porter un pays, de représenter des valeurs, une culture ouverte, d’être fidèle, constant, égal à soi-même, irréprochable, idéal. Il était grand parce qu’il savait se mettre à votre portée et vous aidait à grandir, à vous hisser au-delà de vous-même. Il savait parfaitement que la véritable autorité est morale, car elle relève d’une conviction enracinée et profonde, et non d’un pouvoir conjoncturel et éphémère. Son passage à l’Unesco a marqué les esprits et la mémoire collective, car il insufflait l’esprit et communiquait sa foi, sa ferveur et son engagement personnel, entier et sans limite pour le Liban. Il avait le don de la parole et du discours, et l’écouter était un véritable enchantement. C’était du grand art. Son auditoire était forcément sous le charme de l’intelligence, de la subtilité et du raffinement qu’il dégageait. Les couloirs de l’Unesco résonnent jusqu’aujourd’hui, trente-cinq ans après son passage, de la fulgurance de ses interventions inspirées. Quand quelqu’un veut chanter devant moi la gloire du Liban à l’Unesco, cela commence toujours invariablement par : «J’ai connu l’ambassadeur Aboussouan…» Pour des générations de Libanais dans le domaine de l’Unesco, tant national (commission nationale) qu’international (Délégation du Liban et Conseil exécutif), il fut une figure quasi paternelle. Je pleure aujourd’hui un aîné, un ami et un guide. Camille Aboussouan appartenait à la première époque révolue et bénie du Grand Liban. Celle où les politiques pouvaient se prévaloir, sans présomption et de manière désintéressée, d’une vaste culture et de convictions justes et inébranlables. Celle où l’on se battait pour une cause, des idées, une collectivité. Celle où l’on savait être soi-même en toutes circonstances, avec bienveillance, respect, humilité, grandeur d’âme et dignité. Je ne citerai pas la liste trop longue de ses engagements et de ses réalisations culturelles, des travaux et des expositions qu’il a soutenus, encouragés et parfois même personnellement financés. Je ne m’attarderai pas sur sa manière inlassable, discrète et efficace de promouvoir les intellectuels et les artistes, de les mettre en avant, de les soutenir, de les reconnaître et de les valoriser. Je recommanderai surtout de revenir sur son bel ouvrage publié en 2008 aux Cahiers de l’Est intitulé De la montagne du Liban à la Bastide royale de Fleurance, Mémoires et souvenirs et qui constitue une sorte de testament, et l’inventaire méticuleux et inventif de toute une vie consacrée à la culture et au Liban. De par son parcours exemplaire, intègre et profondément humaniste et humain, Camille Aboussouan mérite, pour une infinité de raisons, de porter pour des générations à venir le titre de grand ambassadeur du Liban. 
Bahjat RIZK

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