Fadel Adib, Ayah Bdeir et Rand Hindi (de gauche à droite) figurent tous trois sur la liste 2014 des « 35 innovateurs de moins de 35 ans » établie par la revue du célèbre Institut technologique du Massachusetts (Mit).
Nour Braïdy | OLJ, 25/08/2014
« Toutes ces 35 personnes font un travail passionnant qui pourrait influer sur leur domaine pour les décennies à venir. Certains d’entre eux sont des inventeurs, (…) d’autres des visionnaires. » C’est en ces termes que MIT Technology Review, la revue du célèbre Institut technologique du Massachusetts (MIT), décrit les personnes figurant dans sa liste 2014 des « 35 innovateurs de moins de 35 ans ». Parmi eux, trois Libanais.
Rand Hindi, 29 ans, est un « habitué » des honneurs du MIT. Ce Français d’origine libanaise avait déjà été élu meilleur innovateur français de l’année 2014 par le MIT Technology Review. Il y a deux ans, le jeune homme, docteur en bio-informatique, a créé avec deux acolytes du même âge et également dotés de doctorats, Alexandre Vallette et Maël Primet, une start-up baptisée : Snips. Snips propose de transformer, via des algorithmes, la Big Data (masse colossale de données que nous produisons chaque jour) en solutions pouvant impacter la société. Au palmarès de la start-up, l’on compte Tranquilien, une application créée pour la SNCF, visant à prévoir l’affluence dans les trains, une application pour prédire l’affluence au bureau de poste ou encore une app qui prévoit les risques d’accident en fonction de l’endroit où se trouve un conducteur et du moment de la journée.
Pour le jeune homme dont l’objectif est de rendre les villes intelligentes, le fait d’être sur la liste des 35 jeunes innovateurs dont le travail a attiré l’attention et les louanges du MIT « est une reconnaissance pour le travail fait sur la data ». « Le fait que le MIT m’ait nominé montre que ces sujets sont importants, et que nous ne sommes pas juste une équipe de gens un peu fous, mais une équipe qui essaie d’améliorer le quotidien à travers la data et la technologie ! » confie-t-il à L’Orient-Le Jour.
Ayah Bdeir, 31 ans, à la tête de la start-up LittleBits, est elle aussi sur la liste du MIT. La start-up de cette jeune femme, qui a grandi à Beyrouth, est spécialisée dans la commercialisation de modules électroniques à assembler selon le principe des jeux de construction. L’an dernier, LittleBits, basée à New York, avait annoncé avoir levé 11,1 millions de dollars auprès d’un pool d’investisseurs. Notant que souvent, chaque profession est bien séparée d’une autre, Ayah Bdeir a voulu créer des passerelles grâce à ses LittleBits. Ces modules électroniques et colorés, un peu comme les Lego, s’imbriquent les uns aux autres par magnétisme et peuvent entrer dans des projets aussi divers que la construction d’une main artificielle robotisée ou d’une veilleuse.Autre Libanais sur la liste, Fadel Adib, 25 ans et originaire de Tripoli (Liban-Nord). Le parcours du jeune homme est un enchaînement de réussites. Il intègre l’AUB avec une bourse de mérite, en ressort avec la plus haute moyenne de l’histoire de l’AUB puis intègre le MIT où sa thèse est élue meilleure thèse en science informatique de l’année. Toujours au MIT, ses recherches portent sur une question « simple », dit-il à L’Orient-Le Jour : peut-on voir à travers les murs avec des signaux sans fil (wireless), comme ceux du WiFi ? « Fadel a réussi à inventer une technologie grâce à laquelle, en envoyant un signal wireless vers un mur, il peut voir sur son écran les déplacements des personnes se trouvant derrière le mur.
L’utilité de la chose ? La technologie permet par exemple de suivre des personnes âgées. Leurs mouvements et leurs déplacements peuvent être suivis, et s’ils tombent, leurs aides soignants seront alertés. « Comme nous pouvons voir à travers les murs, nous pouvons aussi voir à travers le corps humain. Ainsi, nous avons récemment réalisé que vous pouvez même surveiller à distance la respiration et le rythme cardiaque d’une personne en s’appuyant uniquement sur des signaux émis par le corps, même si la personne est derrière le mur », explique Fadel. « Nous tentons actuellement de détecter les battements du cœur d’un fœtus dans le ventre de sa mère », ajoute-t-il, enthousiaste.
Le jeune inventeur est « très heureux d’avoir été nommé dans la liste de Technology Review ». » En tant que chercheurs, nous espérons toujours que nos inventions puissent avoir un impact sur le monde, et cette reconnaissance nous aide à avoir cet impact », dit-il.
Au Liban, « j’ai souvent senti que ce genre de réalisation était hors de portée », regrette-t-il. Il note toutefois que le système éducatif libanais « fournit suffisamment de ressources pour permettre, ensuite, d’innover sur la scène mondiale » et espère que son travail « pourra être une source de motivation pour la jeunesse libanaise et une preuve pour elle que nous pouvons impulser un changement dans ce monde ».